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Inclassable : Polars et Romans - Avis - Critiques
5 septembre 2014

Eté - Mons Kallentoft

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Après Hiver, Eté est le 2ème opus de la tétralogie de Mons Kalletoft, qui compte en fait 5 volumes avec “5ème saison”, ce qui fait que ce n’est pas une tétralogie.

Une jeune fille est retrouvée errant dans un parc de la ville, elle a été violée et curieusement récurée par son agresseur.

Une autre jeune fille a disparu.

Tout ceci se passe en Suède dans la ville de Linkoping, ni grande ni petite, berceau des usines Saab (qui ne fabriquent pas ici des voitures mais des avions de chasse) et de l’industrie aéronautique.

Tout ceci se passe en été, il fait trop chaud, les esprits sont poisseux, lents. Mais ils sont prompts aux préjugés, et Malin Fors, l’enquêtrice, n’échappe pas à cette règle.

C’est une femme ordinaire, qui boit un peu, qui a un amant pour se débarrasser d’un trop-plein dont on ne sait quoi, un ex-mari auquel elle est encore attachée, et a donc des idées toutes faites, comme tout le monde.

Dans cette logique de préjugés, les enquêteurs vont s’intéresser successivement à deux immigrés qui auraient échappé à une première condamnation pour viol puis aux membres de l’équipe féminine de foot, présumées homosexuelles (pour des raisons que vous comprendrez en lisant le livre).

C’est banal, mais c’est sans doute la réalité.

Mons Kallentoft décrit avec talent le quotidien actuel de cette ville de Suède, pays frappé depuis quelques années par le racisme, les idées toutes faites et les difficultés d’intégration, et c’est tout l’intérêt de ce roman.

Ce quotidien est brutal, choquant, ainsi les pensées de Malin Fors concernant les viols collectifs :

"Et en avalant une autre gorgée de son café, Malin ne peut s'empêcher de penser à l'écart entre la vérité officielle et officieuse. Tout le corps policier et les médias savent bien que pratiquement tous les viols collectifs sont commis par deux ou trois jeunes issus de l'immigration, mais personne ne le dira jamais ni ne l'écrira noir sur blanc."

Si ces lignes peuvent paraître difficiles à accepter, il illustre l’état d’esprit réel dans lequel une partie des forces de police travaille en Suède, dont le racisme a été régulièrement mis en cause dans la vraie vie, et non livrer une vérité. Il s’agit là de ce que pense une femme ordinaire, et ce point de vue est notoirement contrebalancé dans le livre (voir notamment l’alibi surprenant d’un jeune immigré et le portrait de la glacière d’origine bosniaque).

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Dans la vraie vie, la Suède est depuis les années 1950 une terre d’accueil, et a fait plus que sa part en accueillant beaucoup de réfugiés politiques, notamment d’Amérique du Sud puis d’Irak, d’Iran, de Palestine, de Yougoslavie et de Syrie.

Cette politique volontariste a cependant entraîné, assez récemment,  des problèmes d’intégration : les populations immigrées ont été regroupées dans des cités ouvrières qui sont devenues des ghettos dans les grandes villes du pays. Par ailleurs, les emplois disponibles en Suède sont des emplois plutôt qualifiés, auxquels les populations immigrées ne peuvent pas accéder.

Enfin, il existe des différences culturelles importantes, notamment concernant l’égalité homme-femme et la place de la femme dans la société.

Pour revenir à un sujet plus en rapport avec ce livre (les viols collectifs) mais du point de vue hexagonal, et tenter de combattre un peu les préjugés, j’aimerais vous renvoyer vers un article paru en 2005 dans la revue Sciences de l’Homme et de la Société intitulé : “Tournantes. Un incendie médiatique à démystifier” et dont vous trouverez un résumé à cette adresse : http://lmsi.net/Les-tournantes-mythes-et-realites

Cet article revient sur la déferlante médiatique survenue en France à propos des tournantes à partir de 2001, déferlante mettant en cause les jeunes issus de l’immigration, donne une perspective historique et sociale au phénomène et alerte sur la tendance à l’”ethnicisation” des rapports sociaux : ce n’est pas la couleur de peau qui fait la délinquance, c’est la misère sociale.

Titre : Eté
Auteur : Mons Kallentoft
Editeur : Le Rocher Editions (Collection Serpent Noir) 357 p.
Prix : 

- Le Rocher Editions (25/05/2010) : 24,40 €

- Points Policier (10/05/2012)) : 7,90 €

Titre original : Sommardöden
Traduction du suédois : Max Stadler et Lucile Clauss

Note : 4

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photo d'illustration sous licence Creative Commons

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